Le leitmotiv de cette belle saison est, sans surprise, la relation entre Ross et Rachel, qui n’est pas vraiment un long fleuve tranquille. Elle n’en est un que lors des premiers épisodes. Notre joli couple coule des jours heureux jusqu’à ce que Rachel trouve, grâce à un dénommé Mark, une place chez Bloomingdale’s. Ross devient vite jaloux de ce Mark, mais aussi de ce nouveau travail qui prend épisode après épisode de plus en plus de temps à Rachel. Ross, de surcroît envahissant, agace de plus en plus Rachel, qui lui annonce qu’il ne faut plus qu’ils se voient. Ross « trompe » (mais la trompe-t-il vraiment s’ils ne sont plus ensemble ?) alors Rachel avec Chloe, la fille de la photocopieuse, et c’est parti pour une explication mémorable dans le salon de Monica, avec pour témoins les quatre autres Friends, planqués dans la chambre voisine… S’ensuivent des disputes, provocations et rapprochements de nos deux Friends, jusqu’à un nouveau baiser lors du dernier épisode, alors que Ross sort avec Bonnie…
Concernant les autres histoires d’amour, Monica flirte avec Julio, macho notoire, rempile temporairement avec Richard, avant d’avoir une relation sérieuse – mais finalement assez courte – avec Pete Becker, multimillionnaire tenace mais un poil mégalo. Notre ami Chandler, lui, sort avec Janice lors des premiers épisodes (c’était donc elle, la fille avec laquelle il chattait durant le dernier épisode de la saison précédente). Difficile de parler de sa relation, tant son comportement est « lunatique » : lui qui était tant agacé par cette fille lors de la première saison – ce qui ne l’empêchait pas de sortir avec – le voilà qui en semble amoureux. Son attitude vis-à-vis d’elle est difficilement sondable : il semble ne pas vouloir s’engager tout en montrant des signes sous-entendant qu’il cherche du sérieux. Mais il finit par rompre lorsqu’il apprend qu’elle a renoué avec son mari, et qu’elle ne veut pas avoir à choisir entre ce dernier et Chandler. Phoebe flirte de son côté avec légèreté, comme à son habitude. Elle a une brève relation avec un ambassadeur puis un exhibitionniste involontaire, avant, dans le dernier épisode, d’hésiter entre ses deux compagnons du moment. Joey montre pour sa part, une fois n’est pas coutume, de l’attachement envers Kate, une actrice de sa pièce de théâtre. Mais son « histoire » (si l’on peut parler d’histoire, tant Kate ne semble pas sérieuse) ne durera pas.
Ces histoires d’amour ont un intérêt inégal : celle entre Ross et Rachel est bien entendu la plus intéressante, car émouvante et fertile en rebondissements. Un pur régal ! Celle de Monica avec Pete est sympa, mais finalement un peu trop courte à mon goût. Le multimillionnaire, en éternel insatisfait, y est pour quelque chose : une fois qu’il a conquis l’amour, le voilà qui cherche à être champion d'ultime combat ! En revanche, sa nouvelle « histoire » avec Richard, survenue plus tôt dans la saison, se termine comme elle est venue : sans crier gare, et arrive au final un peu comme un cheveu dans la soupe (il n’y a même pas de vraie rupture !). L’histoire d’amour de Joey avec Kate m’a quant à elle paru franchement longuette. Je préfère voir Joey en bourreau des cœurs : le voir amoureux et « souffrant » ne correspond pas vraiment à sa personnalité, et, surtout, j’ai du mal à réellement m’intéresser à ses histoires car on sait très bien que celles-ci ne vont pas durer plus de deux ou trois épisodes. Mais l’histoire d’amour qui m’a le plus agacé est bel et bien celle de Chandler et Janice. Cette dernière est exaspérante, et franchement, mon vœu le plus cher était que notre ami rompe une bonne fois pour toutes avec. Les longs passages mettant en scène ce couple font perdre de l’intérêt aux premiers épisodes de la série, en particulier « Celui qui avait pris un coup sur la tête ».
Côté travail, c’est la routine pour Ross, Chandler et Phoebe. Joey, lui, a un rôle un peu plus intéressant que d’habitude avec sa pièce de théâtre – même si les scènes concernant cette intrigue ne sont pas franchement passionnantes, si l’on excepte le metteur en scène, plutôt cocasse. Monica se voit quant à elle proposer par Pete une place de chef mais on ne la voit pas aux fourneaux. C’est finalement Rachel qui connaît la plus grande évolution (ce qui va avoir des répercussions sur sa vie amoureuse) : elle trouve une place chez Bloomingdale’s, travail qui la satisfait autrement plus que le job de serveuse qu’elle faisait depuis deux saisons (et donc deux ans). On fait d’ailleurs connaissance avec sa patronne Joanna, dont les humiliations infligées à la pauvre Sophie sont savoureuses. Sur le plan familial, c’est Phoebe qui remporte la palme : elle fait plus ample connaissance avec Frank, son petit frère (avec lequel elle avait seulement échangé quelques mots la saison précédente), garçon un peu « space » et légèrement tourmenté par ses hormones, auquel elle va cependant s’attacher. Plus loin dans la saison, Frank va lui annoncer son envie de se marier, à 18 ans, avec sa prof, qui en a 44 ! Autre membre de la famille qui apparaît (dans le dernier épisode) : sa mère, qu’elle pensait être simplement une amie de celle-ci.
Il s’agit donc d’une saison qui ne manque pas de richesse et de nouveautés, et où l’on s’ennuie rarement, même si les premiers épisodes sont un peu plus faibles (du fait, comme je l’ai dit, de la relation Chandler-Janice). On trouve lors de cette saison des épisodes franchement monstrueux (« Celui qui se souvient », épisode flashback qui retrace le passé de nos Friends, un an avant la première saison, mais aussi la doublette « Celui qui vivait mal la rupture » et « Celui qui avait survécu au lendemain », passionnants, mêlant humour et émotion, notamment sur la relation Ross-Rachel, la fameuse « rupture » et la « tromperie »). On trouve également « Celui qui bricolait », sympa comme tout, notamment avec Joey bricoleur. Que dire de l’apparition du poussin, dans « Celui qui avait un poussin », qui suscite des crises de couple chez Joey et Chandler (un duo légèrement moins mis en avant que lors de la précédente saison) ? On apprécie également les apparitions hilarantes de Joey, qui, tantôt glouton, tantôt lent à la détente, tantôt bêta, a sa part belle tout au long de la saison.
Même les intrigues de Phoebe, un peu faiblardes dans la saison précédente, sont pour la plupart drôles et agréables à suivre. Le cliffhanger final, où l’on voit Ross entrer dans une chambre (celle de Rachel ou de Bonnie ?) est également réussi, et on trouve en outre dans cette saison des épisodes un peu atypiques, aux allures d’exercices de style. Je pense évidemment à « Celui qui a du mal à se préparer » et à « Celui pour qui le foot c’est pas le pied ». Le premier se déroule uniquement dans le salon de Monica – si l’on excepte la conclusion. Ross a invité ses amis à une soirée, mais il est le seul à être prêt. Les cinq autres sont loin de l’être alors que l’heure tourne, et les rebondissements et gags s’enchaînent les uns après les autres. De même, la structure (unité de lieu et d’ « intrigue ») confère un aspect « théâtre de boulevard » original et amusant. Dans le deuxième épisode cité, nos amis jouent au football américain. Là encore, la plupart de l’action se déroule dans un lieu unique : un terrain (improvisé) de foot. Là aussi, il n’y a pas deux ou trois histoires, comme dans l’immense majorité des épisodes, mais une seule, uniquement centrée sur les parties de football. On ne s’ennuie jamais dans l’épisode, qui révèle même les caractères des personnages (en particulier Monica, plus compétitrice que jamais, qui est particulièrement drôle). Bien sûr, comme toutes les autres, cette troisième saison est un peu inégale, elle met un peu de temps à décoller et certaines intrigues entraînent moins que d’autres (le « truc » dans le dos de Ross, l'histoire entre Joey et Kate, celle entre Chandler et Joanna...), mais elle n'en demeure pas moins une belle saison dans l'ensemble, riche en moments forts.
Meilleurs épisodes (par ordre chronologique) :
Celui qui bricolait (3.5)
Celui qui se souvient (3.6)
Celui pour qui le foot c'est pas le pied (3.9)
Celui qui ne s'y retrouvait plus (3.11)
Celui qui vivait mal la rupture (3.15)
Celui qui a survécu au lendemain (3.16)
Celui qui allait à la plage (3.25)