Place maintenant à la sixième saison, que l’on qualifiera de moins bonne que les précédentes. On peut même dire qu’elle marque le début du déclin de la série. Dur. Cette saison est en effet moins rythmée et moins riche en événements que d’habitude. Qu’en retenir ? Sur le plan amoureux, Ross a un rendez-vous (avec ses fameuses dents blanches) avec Hillary, flirte avec la sœur de Rachel puis sort avec l’une de ses étudiantes, Elizabeth. RAS côté Monica et Chandler pendant une bonne partie de la saison, jusqu’à une nette accélération durant les derniers épisodes… Joey sort avec sa colocataire, Janine, Phoebe a une éphémère liaison avec quelqu’un qu’elle prend pour Ralph Lauren, et Rachel a une aventure avec le père d’Elizabeth. De toutes ces histoires, deux sont réellement marquantes : la demande en mariage en fin de saison de Monica et Chandler, et l’arrivée d’Elizabeth, qui apporte de la fraîcheur aux épisodes. Côté travail, rien de spécial à signaler non plus, si ce n’est que Ross donne désormais des conférences – ce qui a le principal mérite de créer la rencontre avec Elizabeth. Joey a quelques auditions, et travaille même au Central Perk. C’est plutôt dans le domaine du logement que cela bouge un peu : Chandler décide de vivre avec Monica, ce qui signifie que Rachel et Joey se trouvent un peu délaissés. Rachel vit alors chez Phoebe, mais l’incendie a pour conséquence qu’elles doivent vivre, l’une chez Monica, l’autre chez Joey.
Cette saison, donc, est très inégale. On y trouve certes de bonnes choses, comme les « adieux » entre Chandler et Joey, particulièrement déchirants pour ce dernier, qui se met même à regretter des souvenirs totalement inventés. Idem pour Rachel et Monica : il est émouvant de voir la chambre de la première vide. L’intrigue post-incendie est également appréciable : Phoebe et Rachel doivent vivre chez Monica ou Joey. Au départ, les deux veulent aller chez Monica, mais les avis changent vite… On trouve également la fausse annulation de mariage de Ross, la danse de « la routine » du Nouvel An de Ross et Monica, le dîner de Thanksgiving avec les parents de Ross et Monica, et ce très bon double épisode (« Ce qui aurait pu se passer », 1 et 2), qui imagine ce qui se serait passé si… Chandler avait démissionné, Joey était toujours la vedette des Jours de notre vie, Rachel s’était mariée avec Barry, Phoebe était devenue une pro de la Bourse, et Ross n’avait jamais découvert que Carol était lesbienne. Une excellente doublette, originale et pleine d’entrain, où l’on découvre avec plaisir que certaines choses de ce monde parallèle n’auraient pas changé par rapport à « notre monde » (Monica et Chandler ensemble, par exemple) et d’autres, si (les rapports Joey-Chandler inversés). L’arrivée d’Elizabeth en fin de saison apporte en outre un peu de fraîcheur, d’autant que son père (campé par un excellent Bruce Willis) fait également une apparition remarquée. Et que dire enfin de la demande en mariage, très émouvante tout en étant riche en rebondissements (la recherche de la bague, l’arrivée de Richard, les tergiversations de Monica…).
Malheureusement, si la dernière partie de saison est prenante, c’est bien plus inégal auparavant. Beaucoup d’épisodes et intrigues, sans être mauvais, ne sont, disons, pas totalement convaincants, semblent un peu ternes et sans intérêt particulier. Trop de ces petites histoires se laissent regarder, sans réelle passion. Cette « mollesse » tient au manque d’événements réels, et donc à une certaine routine (et je ne parle cette fois-ci malheureusement pas de la danse de Ross et Monica), ce qui a pour conséquence que certains épisodes ne sont constitués que d’intrigues secondaires. Ces histoires sans grand intérêt sont donc nombreuses : l’accent mondain de Ross, ses dents blanches, le « métier d’écrivain » de Phoebe, la garde des triplés et une tonne d’intrigues autour de Joey, qui est sans contexte le maillon faible de cette sixième saison. Ses auditions, sa voiture, son frigo, son « jumeau », son histoire d’amour avec Janine, cela fait beaucoup d’intrigues fades et « bouche-trou » pour un seul homme. Ce manque d'ambition s'explique par le fait que les réalisateurs ne savaient pas encore, au cours de cette saison, si la série allait se prolonger ou s’arrêter. Du coup, ils n’ont pas trop fait bouger les choses, ce qui s'est ressenti dans la qualité des épisodes. C’est donc la moins bonne saison de toutes celles qui sont parues jusqu’ici, mais tout est cependant relatif : elle comporte de bons passages, et se révèle meilleure que certaines qui vont suivre (la 7 et la 9, notamment).
Meilleurs épisodes (par ordre chronologique) :
Celui qui console Rachel (6.2)
Ceux qui passaient leur dernière nuit (6.6)
Celui qui s'était drogué (6.9)
Celui qui souhaitait la bonne année (6.10)
Ce qui aurait pu se passer 1 (6.15)
Celui qui sortait avec une étudiante (6.18)
Celui qui se la jouait grave (6.22)
Celui qui achetait la bague (6.23)
Celui qui faisait sa demande 2 (6.25)